Gaël Horellou à la Coulée Douce

Rue du Sahel, XIIe arrondissement, 17h. C’est un dimanche après-midi grisonnant, presque pluvieux. Le quartier est aussi joyeux que la météo. J’ai l’impression de ne plus être à Paris, mais dans un quartier périphérique d’une ville de province. Caen, Rennes ou Tours, ce serait pareil. C’est vrai que je ne suis pas dans la capitale depuis longtemps, alors forcément j’ai tendance à imaginer que tout ici ressemble aux endroits que je pratique un peu et qui m’émerveillent encore. Les rues du Louvre  et de Montmartre, quelques morceaux de Ve arrondissement, le Marais et Place d’Italie… En tout cas, ce dimanche-là, ce bout de XIIe me semblait réellement triste et sans âme. Arrivé devant La Coulée douce, ça s’annonce guère mieux. Je me demande déjà ce que je fais là. Pensais-je vraiment trouver de la vie, de la joie ici ? Je me suis contenté de farfouiller l’ami Lylo. Même dans cette ville, trouver du jazz dans un bar une fin de week-end n’est pas évident.

Gaël Horellou trio + David Sauzé

J’entre. Snobinard, j’hésite quand je comprends que c’est un PMU. Quatre musiciens s’échauffent. Deux saxos – un ténor et un alto – une contrebasse et une batterie. Impression de déjà-vu : je suis persuadé d’avoir déjà entendu le ténor. Où ? La moustache finit par me rafraîchir la mémoire. David Sauzé. Un duo de saxophones aperçu en première partie d’Erik Truffaz à la Renaissance il y a quelques années. Je crois me souvenir que c’était coolos. Cette fois, il accompagne le Gaël Horellou trio.

Je m’assois devant une table en carreaux de faïence rouge et jaune, commande un demi, feuillette encore le Lylo et attends que ça vienne. Derrière moi, des coupures de presse consacrées aux courses hippiques. Au comptoir, deux peluches : un cheval et un ours. Une déco qui contraste avec les échantillons de café très « tradis » qui ornent le mur derrière les artistes. Le tout crée une ambiance difficile à saisir, pas très cohérente. 

David Sauzé
 

La musique commence doucement. Rien d’extraordinaire à mon oreille. Pour l’instant, le bar est quasiment vide. J’aurais dû m’en douter aussi : est-ce qu’un concert de dimanche après-midi, coincé entre les métros Bel-Air et Château de Vincennes, soulèverait les foules ? Ce jazz, grosso modo, c’est du bop (contrairement à ce qu’on trouve sur le myspace de l’artiste). Ca bouge bien, la technique est là. Et s’ils ne renouvellent pas le genre, c’est loin d’être convenu. Pas désagréable, mais un peu froid.

Enfin, un temps seulement. Petit à petit, le ton monte, le troqué se remplit. Public restreint (une vingtaine de personnes au plus fort) mais bigarré. Des jeunes, des vieux. Des habitués du bistrot, des fidèles du groupe. Ca cause, ça applaudit, ça discute. Quelques enfants dansent. Des mamans aussi, avec leur rejeton dans les bras. La musique s’échauffe en même temps. Lancés, ils finissent par m’emporter avec eux. Il y a un talent indéniable dans leurs improvisations, une vraie ingéniosité, de belles trouvailles. Ca rebondit, ça surprend. Le duo de saxophone fonctionne vraiment : ils savent s’écouter et se répondre. Les soli de contrebasse et de batterie sont également de bonne tenue, mais je me laisse beaucoup plus porter par le son des vents. On ne se refait pas, c’est mon instrument.

Gaël Horellou

Rue du Sahel, 12e arrondissement, 19h. Retour au trottoir inhabité. Drôle de contraste. Pendant quelques instants, les quatre musiciens ont su emplir de couleur ce bout de grisaille. Peut-être finalement que le lieu n’était pas si inintéressant que ça. Ca me donnerait envie d’y retourner un autre dimanche, voir si la programmation est toujours aussi sympathique. Une certitude : j’ai passé cette fin d’après-midi en bonne compagnie.

Colin

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