POUR UN RENDU OPTIMAL, ÉCOUTER DANS UNE POSITION CONFORTABLE, LES YEUX FERMÉS. LA PATIENCE MÈNE À LA RÉCOMPENSE.
C’est en ces termes que Alex Macarte, aka Ahrkh – membre de la prolifique et protéiforme formation Gnod – introduit son nouvel opus : Tone Mantra. Et ce n’est pas rien de le dire, car il faut s’armer d’un minimum de patience pour tâter la puissance qui se dégage de cet ovni. 53 minutes au total, une seule piste. Si vous n’avez pas une heure devant vous, ne vous y lancez pas. Attendez le moment opportun, calez vous comme il se doit, et ne cliquez sur play qu’une fois certains de ne pas avoir à mettre pause. Bon voyage.
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A l’origine fut la vitesse, le pur mouvement furtif, le « vent-foudre ». Puis le cosmos décéléra, prit consistance et forme, jusqu’aux lenteurs habituelles, jusqu’au vivant, jusqu’à vous.
Passée la poussiéreuse introduction, les vibrations vitales montent, une par une, s’intensifient, leur structure se précise et devient palpable. Le grondement s’installe, omniprésent, encore hésitant mais déjà grand. Rien ne presse ici. Au milieu de ces nappes modulaires et brumeuses, figées hors de tout concept temporel, l’auditeur est déjà en route, passif, vers un inconnu qu’il ne devine même pas. Quelque part entre un ambient gras et un drone ésotérique à souhait, on sent que la longueur extrême de cette première partie n’aura d’autre intérêt que de mieux desservir la suite. On reste donc plongé dans l’instant, comme envoutés par ce qui semble être le penchant obscure d’un Robert Aiki Aubrey Lowe. Pas question à ce stade de brûler les étapes. Aussi monotone qu’il n’y paraît (qu’il n’y paraît seulement) chaque seconde a son importance, et la moindre coupure, accélération ou impatience serait ici un véritable blasphème.
Quasiment 23 minutes seront finalement nécessaires avant que les premières pulsations raisonnent enfin. Un tempo extrêmement lent et tout aussi lourd qui, il faut bien l’avouer, n’auraient pas eu toute cette puissance sans ces 23 foutues premières minutes. Tel un monde entier en marche vers la prochaine aire, l’ambiance pachydermique écrase littéralement et avance, d’une constance sans faille. Chaque martèlement apporte son lot d’engoudissement. L’expérience en valait bel et bien la chandelle.
Alex Macarte est un musicien expérimenté, et il connaît sur le bout des doigts les aspects et intérêts que de telles structures répétitives peuvent (et doivent) susciter. Déjà grandiose sous la bannière Gnod (on pensera notamment, dans trois styles différents, à Ingnodwetrust, Spaced Man et White Priviledged Wank), ce tact du répétitif prend ici une toute autre dimension, une texture cosmique sans égale. Bientôt agrémenté de boucles vocales mystiques, le morceau atteint doucement son apogée. Plongés dans les abymes modulaires d’Ahrkh, on ne peut désormais plus zapper… c’est gagné.
Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents.
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Le nom complet de ce Tone Mantra étant très exactement « Tone Mantra I : The Dark Material Of The Black Sun Divides Spirit & Soul From The Putrefied Body », on peut être en mesure d’attendre un éventuel Tone Mantra II un de ces quatre. Nous guetterons donc tout ceci, patiemment.
Disponible en téléchargement chez ZamZamRec, avec également quelques cassettes encore disponibles ici pour les fanatiques.
(sections en italique extraites de la Horde du Contrevent, par Alain Damasio)
Adrien