Roll The Dice – Until Silence. L’éloge de la lenteur

Peder Mannerfelt, Malcolm Pardon, The Leaf Label, Until The SilenceC’est l’été, ambiance vacancière chez Tartine de Contrebasse. Alors on divague un peu, on se fend en quatre pour pondre une double demi-chronique mensuelle après s’être goulument dégivrée la couenne sur la Plaine de la Machine à Feu, on préconise les redécouvertes aux découvertes – moins fatigantes – et, surtout, on prend bien notre temps. C’est donc dans cet esprit d’inertie totale qu’il nous est venu l’idée de pondre notre première tartine de la rentrée avec Until Silence, le dernier album de Roll The Dice paru en juin dernier chez Leaf Label et qui, tout comme nous, prend bien tout son temps.

Roll The Dice est un duo, deux suédois passablement barbus et pas inconnus de tous : Malcolm Pardon et Peder Mannerfelt, le premier ayant un casier non vierge dans la composition de bandes originales, le second a quant à lui établi quelques performances scéniques aux côtés de Fever Ray. Une belle carte de visite certes, mais rien de bien suffisant pour nourrir qui que ce soit. Cela fait d’ailleurs déjà quelques années que l’on connait le goût de cette collaboration puisqu’ils exercent ensemble depuis 2010 avec un album éponyme puis un In Dust paru l’année suivante. Until Silence reste dans la lignée de ces prédécesseurs : lent, long, épuré, bourré de synthé et bougrement cinématographique. Mais là où ce dernier album tranche avec les précédents c’est par sa gravité ambiante. C’est lourd, presque gras, et même lorsque le ton s’essaie à des mélodies plus légères on reste scotchés au sofa. Et histoire de bien faire comprendre de quoi il en retourne ils ont tout simplement pris Assembly – qui se trouve être probablement le meilleur morceau de l’album – et ont pondu une vidéo en noir et blanc à l’image de leur musique : froide, simple, rude, captivante, contemporaine, sublime.

Alors évidemment le mec compose des BO donc on ne va pas s’étonner, mais force est de constater qu’il semble globalement gérer son affaire. D’ailleurs dans le même registre on aura déjà vu passer d’autres prototypes du genre, notamment celui-ci.

On croise donc quelques petits chefs d’œuvres sur ce dernier album de Roll The Dice, ceux qui prennent leur temps, les quatre pépites qui allongent et illuminent cet album. Blood In, Blood Out, Assembly, Aridity et Wherever I Go, Darkness Follows. Comment un truc aussi simple peut il être aussi bon et efficace ? Millimétrées, justement dosées, transparentes, autant vous dire que ces quatre pièces maitresses justifient à elles seules l’ajout de Until Silence à votre musicothèque, mais qu’il serait pour autant bien dommage de vous arrêter en si bon chemin. Placées judicieusement en début de course et à mi-parcours ces quatre pistes maintiennent en haleine et poussent à la curiosité : on aime ou on aime pas, mais a minima on ira voir la suite.

En complément on versera donc également une oreille attentive à Coup de Grâce et Perpetual Motion, deux morceaux complètement fous et stressants, une structure et un fonctionnement similaire portés par d’abrutissantes rythmiques de claviers et percussions qui ne sont pas sans rappeler celles d’Aufgang. Parce que oui, bordel, c’est la guerre.

Passés les deux OMNIs Time and Mercy et Someone’s Land, l’album se poursuit avec une publicité pour du parfum dans laquelle une jeune femme – blonde et semi-dénudée – verrait en ce cheval blanc qui galope sur la plage l’âme de son amant déchu – brun et musclé – avant de s’endormir le visage posé sur sa main, bouche semi-ouverte (Haunted Piano). Puis vient la clôture avec In Deference qui nous replonge graduellement dans le gouffre d’où l’on était sortis, sombre, profond et palpitant. Un album à la structure narrative raffinée, rempli d’émotions, de pesanteurs et d’atmosphères au magnétisme fascinant. Until Silence est une BO de film mais sans film, et il se déguste comme tel, du début à la fin, attentif, et sans en perdre une miette.

Until The Silence est disponible chez Leaf Label et sur le Bandcamp de Roll The Dice (allez y, y’a même des vinyles et des t-shirts).

Adrien

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