Après une journée de travail un peu trop longue à mon goût, je retrouvai par chance le dernier Olan Mill dans ma boîte aux lettres, et je comptais donc sur lui pour me sauver de ma torpeur crépusculaire et me faire oublier ma gonalgie naissante (les jeunes, c’est vraiment plus ce que c’était). Ce nom m’a toujours évoqué de belles choses, ayant autant apprécié les travaux solo (enfin duo entre Alex Smalley et Svitlana Samoylenko jusqu’à Paths, la dernière s’étant retirée du projet par après) que sa collaboration dans Pausal, et même un remix irréprochable pour Pleq et Giulio Aldinucci dont j’ai déjà fait l’éloge. Un ambient suave nourri aux éléments classiques qui emmène immanquablement l’esprit dans des sphères sans turbulences ; je décidai donc de prendre immédiatement et sans recommandation médicale une dose de ce décontractant auriculaire pour essayer de me soulager, certifié sans effets indésirables.
Lancer un Olan Mill, ça a toujours été un voyage instantané à moyenne altitude, assez haut pour adopter un caractère aérien franc mais assez bas pour garder une densité et une part de chaleur bien terrestres ; un équilibre fragile que le britannique maintient avec un naturel presque déconcertant. Son dernier album paraissant sur le label au nez fin Dronarivm m’envoie pourtant à l’opposé ; un trip aquatique en apesanteur, dérivant sans résistance entre les échos des néréides et le ressac des boucles mélodiques. Et étonnamment, ce sont surtout les pistes les plus courtes qui modèlent les songes de l’auditeur, leur brièveté imposant une création rapide des images dans son esprit. De fait, elles sont les éléments indispensables de Cavade Morlem, apportant les chants dilués des sirènes dans l’ouverture, la vastitude du milieu océanique dans Lighul ou les kaléidoscopes de lumière en surface dans Novnal ; des éléments clés parmi d’autres pour synthétiser l’environnement de paix tant recherché. Un monde de silence et de solitude où l’esprit peut progressivement se débarrasser de ses pensées inutiles pour se retrouver, infusant tranquillement dans les pistes plus longues qui ont ici échangé leur rôle habituel de structure narrative pour celui de long interlude. Les loops violoneux développent tranquillement leurs harmoniques à la manière (trop ?) d’un Marsen Jules 2015, allégeant sans efforts, à chaque vague montante, le psyché du nageur en sons profonds.
Et c’est là tout ce que je demandais à Cavade Morlem, un moment de relâchement et d’évasion faciles, sans prise de tête. Car objectivement, cet album n’est pour moi pas le meilleur de la discographie d’Olan Mill, un peu trop neutre et lui préférant la versatilité d’un Half Seas Over ou la charge émotionnelle plus intense d’un Paths. Mais le hasard des évènements a placé ce travail sur ma voie à un instant particulier, le révélant comme le compagnon idéal dans ma recherche de relaxation, alors que j’avoue un peu honteusement avoir snobé sa version digitale reçue quelques temps avant le CD, pas trop convaincu de ce que je devais en penser. Il ne me manquait finalement que la clé pour lui donner un sens et lui trouver sa place légitime dans mon environnement. Si ça se trouve, au prochain coup de mou, je me lancerai un Random Access Memories ou un Brava et vous serez témoin d’une chronique faisant l’apologie de la french touch 3.0, qui sait.
En attendant, je vous souhaite d’atteindre la même plénitude que moi après l’écoute de ce disque, car il a bien réussi à guider mon esprit vers des sphères plus agréables, malgré une première rencontre incertaine.
Ça se passe là pour profiter intégralement de l’album, faisant partie d’un catalogue ne demandant qu’à être parcouru.
Dotflac