S’il y a bien un label dont nous n’avions pas parlé depuis un petit moment, c’est Ad Noiseam. Et injustement d’ailleurs, car beaucoup de choses mériteraient d’être dites sur le catalogue complètement hétéroclite que Nicolas Chevreux nous sert depuis quelques années. Dans une volonté tout à fait honorable de partager avec nous une vision très personnelle de la musique, ADN – comme on dit – s’est aventuré par-delà les monts et vaux connus des sonorités qui représentèrent pendant pas mal de temps son fonds de commerce, avec quelques sorties (souvent plus médiatisées que les autres, d’ailleurs) allant gratter du côté du piano amélioré (Stavros Gasparatos) ou du beatless (Hecq, préfigurant son virage en fausse surprise chez Hymen, que fut Mare Nostrum). Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres. On pourrait légitimement longtemps disserter sur le côté qualitatif de ces sorties, chacun y allant de ses propres arguments, personne ne peut néanmoins nier que ceux-ci sont des éléments indispensables à la petite touche « Ad Noiseam ». C’est cette alchimie bien personnelle et cet équilibre (précaire mais fonctionnel) qui fait qu’aujourd’hui ADN reste une référence dans le domaine des musiques electroniques « beatées » (drum, downtempo ou breakcore, une majorité, quand même, des sorties ADN), tout en sachant surprendre de temps en temps en présentant des choses complètement ouate ze feuque, mais sans non plus pousser le vice jusqu’à donner l’image d’être complètement bordélique (comme certains labels à la cohérence peu lisible, qu’on ne citera pas parce qu’on est des gentils et qu’on reçoit des promos de leur part <3).
Cette intro est aussi longue, didactique et populiste qu’un bon cours de droit de l’environnement, mais au pire, vous le saviez déjà, au mieux, vous aurez appris quelque chose. Le contexte dans lequel sort ce deuxième opus de 2methyl (ex bulb1ol) est donc assez crucial, parce qu’il explique en partie pourquoi il a autant de mérite qu’il est difficile de sortir un bon album de simili- drum’n’bass futuriste aujourd’hui.
Avant qu’on me taxe de cynisme et de négativisme, disons-le tout de suite, Layer 8 est un bon album. Un très bon album, même. Est-ce un album exceptionnel ? Non. Pourquoi ? Parce que 2methyl a juste choisi le pire moment pour le sortir. Malheureusement pour lui, il n’est pas vraiment responsable du contexte.
Ce contexte est merdique car la drum (ou tout ce qui est plus ou moins basé sur le même rythme), depuis quelques temps déjà, est passé d’un statut de musique nouvelle et en constante recherche sur soi-même, réinvention et repousse des limites, à celui de style référence bien établi, produisant des sorties similaires au kilomètre. C’est déjà le cas depuis très longtemps pour la drum anglaise à MC, cette saloperie qui fait danser des gotho-pouffes sous taz de façon stupide sur un tas de caillou belge chaque année (et qui ne sait plus rien produire de nouveau), mais ça commence aussi à devenir le cas pour certains sous-genres plus cryptiques. Les hollandais de PRSPCT se grattent la nouille en contemplant leur fanbase bien établie donner du kick sur les allers et retours que leur artistes font entre hardcore, breakcore et drum’n’bass, en collant une étiquette « Crossbreed » à tout ce bordel. Et ils ont bien raison, car ils en ont encore pour quelques décennies avant d’avoir épuisé tous les liens possibles entre tous les genres sus-nommés (en plus ils font jouer Manu le Malin, et ça, ça n’a pas d’autre prix que celui d’un covoiturage jusqu’à Rotterdam).
Du côté des rares vertueux à s’être aventurés du côté d’une drum plus « futuriste », ça a été plus éphémère et compliqué. Compliqué parce que DJ HIdden est probablement maître en la matière, même si son amour pour les kicks lourds le font souvent regarder du côté du hardcore. Il laisse un peu de place à côté de lui, place qu’il y a quelques temps des gens comme Broken Note ou Mobthrow occupaient avec brio. Mais ça, c’était avant que Gore Tech leur file un gros coup de latte, et les entraîne dans une course effrénée vers toujours plus de violence gratuite, pour un résultat proche de la stérilité.
Résultat, les rares gens qui officient dans le domaine depuis un bon bout de temps ont soit arrêté, soit sont des génies capables de se renouveler constamment et, à chaque sortie produire un son extrêmement qualitatif sans forcément révolutionner tout le bazar. Pour rester dans la thématique Ad Noiseam, et puisque j’espère qu’on pourra le vérifier très bientôt, on peut au moins en citer un, il s’appelle DJ Hidden. Pour le reste, les sorties sont soit extrêmement classiques mais trés efficaces car très bien faites (Machine Code), soit réellement novatrices dans le genre, mais ça devient très rare (Monolog), soit anodines ou même tout simplement mauvaises (beaucoup d’autres). Et chacun essaie de s’engouffrer dans une niche de plus en plus réduite pour produire un son de plus en plus spécifique.
Pour toutes ces raisons beaucoup trop longuement exposées, parler de la qualité de Layer 8 est super-compliqué, parce qu’à l’écoute de chacun des morceaux, il est toujours possible de se dire « ah, tiens, là ça ressemble un peu à untel… » Il est alors pré-requis de savoir s’affranchir du fait que ça a déjà été fait et re-fait par d’autres bien avant, afin d’avoir la prétention de pouvoir gerber un avis tranché sinon définitif du style « c’est bien » ou « c’est pourri ». Mais l’enjeu n’est pas vraiment là.
Layer 8 est intéressant, parce qu’il ne rentre dans aucune des cases autoritairement définies plus haut. Il n’est ni un album complètement révolutionnaire (et n’a pas prétention à l’être), ni un énième opus d’un baron du genre bien établi, ni une chiure anodine dans l’histoire des amen breaks distordus. Si les structures sont très classiques, le déroulement des morceaux assez attendu, les références totalement lisibles, on est loin, loin, de se faire chier. Autant certains morceaux me sont complètement invisibles (Dive), certains autres sont à la limite du surrané (Highway), autant on prend une sacrée mandale avec Mainframe. C’est rapide, sans repos, bien bas du front et ça donne envie de cogner contre les murs, et finalement, c’est le principal. Shelter, malgré son ton très casse-gueule, s’en sort plus qu’honorablement, c’est pas si facile d’être un être sensible au milieu de toute cette violence, bah oui. Lab n’aurait pas mieux commencé si ça sortait des machines de Swarm Intelligence, et c’est plutôt un compliment. La suite du morceau est attendue, mais pas moins bonne pour autant. Quoi qu’il en soit, 2methyl a au moins le mérite de produire un album tout en nuances, qui ne s’engouffre pas dans une violence injustifiée à tout crin, qui ne se veut pas uniquement comme une démonstration de technique, mais qui sait quand même se prendre au sérieux, et explorer un panel de rythmes larges tout en conservant une cohérence de forme nécessaire.
Que manque-t-il à 2methyl pour que Layer 8 passent de « très bien » à « franchement excellent » ? Je ne sais pas, et sincèrement, c’est frustrant. Tous les éléments sont en place, et l’ensemble est extrêmement bien maîtrisé et produit (merci aussi à Angelos Liaros), mais il manque un petit quelque chose, une petite patte « 2methyl » qui n’appartient qu’à lui, celle qui fera qu’on arrêtera de se dire « oui, c’est très bien, mais ça ressemble à… » ou alors « trucmuche l’a déjà fait ». Nicolas Chevreux n’aurait probablement pas sorti 2methyl s’il n’y voyait pas la possibilité pour qu’au fil des sorties, celui-ci acquiert ce petit élément qui le fera passer de « jeune apprenti » à « maître jedi de la drum, tavu ». Reste à trouver comment. Je ne sais pas (ce serait bien présomptueux de ma part), mais je ne peux qu’encourager solidement 2methyl à continuer de produire du son au kilomètre.
Layer 8 est disponible ici et là.
Ehoarn
enculé de snob, étale ta science…. ça n’engage que toi, mais tu es ridicule à lire
Cher Malice.
Tout d’abord, un grand merci d’avoir pris de ton précieux temps pour écrire ton commentaire de haineux. Je sais que t’as mieux à faire que de lire les chiures de snobs ridicules (et enculés, qui pis est). Je suis ravi que tu aie lu l’article, et je suis comblé d’avoir provoqué chez toi un peu de haine primaire. Puissé-je continuer à te faire chier et t’énerver encore pour quelques heures, jusqu’à ce que la satisfaction de l’insulte débile que tu viens de proférer ne te fasse m’oublier. Oserai-je même espérer que tu as bien mouillé ton falzar en te lachant comme un octogénaire ouvre ses sphincters. Je t’embrasse goulument, c’était si bon, reviens quand tu veux.