Des tartines on en a fait pas mal. Et sur Ruby My Dear notamment. Alors quand ce dernier sort la confiture pour son 6ème EP, on n’a pas le choix de le tartiner.
Jelly, gentil petit EP de pas moins de 8 titres sur près de 50 minutes, sort ce mardi 26 mars chez Blue Sub Records, mystérieux netlabel créé de toute pièce par M. My Dear, Ruby de son prénom. Préparez vos cuillères, y’en aura pour tout le monde.
A peine 6 mois qu’est sorti le très bon Remains of Shapes to Come et ce bon vieux Julien Chastagnol décide de nous en remettre une couche. Et il nous a mis au parfum assez rapidement avec comme teaser le morceau éponyme de l’album (autrement dit « Jelly », pour celles et ceux qui ont quelques lacunes, hein) qui, on doit bien l’avouer, nous a autant emballé que surpris.
Avant Ruby My Dear c’était du 100% breakcore jungle sans chichi, reconnaissable entre 1000 avec ses tempos en 7 temps et penchant de plus en plus vers l’IDM au fur et à mesure des productions. Là on passe carrément à de l’acid trance. Pas à 100% néanmoins, le breakcore reste omniprésent, mais c’est bel et bien une patte à laquelle il ne nous avait pas habitué qui nous caresse les tympans.
Mais Ô surprise ! Comme nous avions la mémoire courte, la sortie de cet EP nous avait été annoncée l’an dernier par l’artiste lui-même lors d’une interview qu’il avait bien voulu nous donner… Alors donc si on a bien suivi et qu’on a raccrochés tous les wagons dans l’ordre sans se tromper on comprend également que ce nouvel EP est principalement composé de morceaux enregistrés en 2011.
Tout ça pour vous dire qu’il ne faut pas voir cet EP comme une évolution, ni même comme une régression. C’est un tout autre visage de l’artiste qui nous fait face, et c’est à ce moment présent qu’il nous faut l’apprécier.
Passée donc l’écoute de « Jelly » – qui est fortement représentatif – on passe au second extrait, le bien nommé « Mo.E ».
Toujours dans la même trempe, toujours aussi surprenant mais pas moins efficace, ce second extrait nous aura habillement donné l’eau à la bouche pour découvrir les 6 autres pistes qui composent cet EP sous stéroïdes.
« pH an.0 » , première piste à officiellement ouvrir le bal, reste dans le même ton que les deux teasers précités. Un court avant-goût de 2min30 qui prévient celles et ceux qui n’avaient pas suivi qu’on entre dans une œuvre à part, pas vraiment dans la lignée des précédentes.
Mais autant vous prévenir : si ces premiers extraits vous ont dérouté, nous tenons tout de même à insister un tantinet (si si) car du Ruby My Dear originel se cache ici malgré les apparences. Pour les plus sceptiques, « A.Kut », « Shee » et « Piano » sauront vous convaincre. On retrouve toute la quintessence de son œuvre dans son plus pur style schizophrène. Un son métallique, déchiqueté, tantôt calme tantôt bourrin, ponctué d’extraits de dialogues improbables. Chers aficionados, si vous ne deviez en écouter qu’une, je dirais que « Piano » reste au dessus du lot.
Il est bien là le petit Ruby, pas besoin d’appeler l’accueil.
Au fil de l’écoute on s’habitue à ce mélange des genres, à ce remodelage de l’art électronique, à cette alternance entre l’univers breaké habituel et des incursions surprises dans une soupe de cachets d’ecstas, et on commence même à y prendre goût.
Et puis, au beau milieu de tout cela, un interlude qui, bien qu’inattendue, passe tout à fait incognito. « First » est là, du haut de ses 1min49, vous prend la main et vous dit « allez, garde la foi, la lumière est juste là, regarde ! ».
Et la lumière vous aviez pu la voir jusque maintenant, jusqu’à ce que vous arriviez à « Alpha & Omega », la dernière piste. Véritable OVNI de cet EP, « Alpha & Omega » ne ferme pas Jelly de la façon la plus courtoise qui soit. Pas loin de 20 minutes d’acid primitif et torturé, sans trêve ni relâche. C’est méchant, ça pique.
Aïeuh.
© Karl L. (latoftrankille.blogspot.fr)
Alors oui cet EP fait mal, mais ça reste une bonne nouvelle et une pièce incontournable dans la discographie de notre cher et tendre Ruby My Dear. Autant vous dire qu’on a hâte de voir ce que tout ceci peut donner en live. On en salive d’avance, et si c’est aussi bon qu’on l’imagine, on n’hésitera pas à vous faire partager notre plaisir. Ça plus le prochain album à paraitre chez Ad Noiseam… autant vous dire qu’on n’a pas encore fini de vous parler de lui.
Jelly est disponible chez Ad Noiseam, ainsi que via les différentes interfaces offertes par Blue Sub Records : Facebook, Soundcloud, Bandcamp ou encore tumblr.
Évidemment, pour ceux qui sont à la traine, Ruby My Dear c’est ici, ici, ou encore par là.
Adrien