Collage Noire – Black Steel. Descendre l’escalier Potemkine sur le cul, c’est long

Kaometry

Oui, on vous a déjà parlé du label Kaometry y’a pas longtemps, y’a même trop peu de temps pour se permettre de vous en remettre une couche aujourd’hui. Mais autant vous le dire aussi sec qu’on le pense, on s’en cogne globalement, en fait. Alors finis les Xeroderman, les Enkephalin et compagnie, aujourd’hui on s’attaque au petit dernier, Collage Noire, qui nous vient directement d’Odessa (oui, je sais, on vous a déjà parlé d’Ukraine y’a trois mois, ça va, c’est bon), et plus particulièrement à son court mais néanmoins prometteur Black Steel. Et même si d’entrée de jeu le nom de l’artiste, le nom de l’EP, la cover et même l’origine soviétique du mec laissent peu de place aux éventuelles espérances de certains que – oui, enfin – nous allions entendre de la flûte à bec sur Tartine de Contrebasse, force est de constater que l’on ne tombe pas dans le cliché le plus lugubre malgré tout, bien au contraire.

L’introduction met en haleine, Republica est percutant, tout en ambiance, peaux tendues et cordes frottées. Ça a beau avoir été forgé sur les rives de la Mer Noire c’est étonnamment chaud, organique, ça sent l’encens autant que la transpiration, et Collage Noire semble avoir troqué son Europe de l’Est contre un Moyen-Orient d’époque, en bon état, très peu servi. L’acoustique est sublimée par une trame synthétique qui ne recherche pas à prendre le pas, chacun des éléments s’avance, donne ce qu’il a à offrir et s’éclipse.

Aux cordes frottées et percussions viennent ensuite s’ajouter les cuivres et les cordes frappées sur le titre éponyme Black Steel. Toutes ces sonorités viennent fusionner dans une trame dont la mesure asymétrique trahit aussi joliment que possible les influences balkaniques d’outre-Danube. C’est aussi riche qu’une pizza quatre musiques mais sans toutefois perdre sa cohérence, le résultat est à la fois gras et jazzesque, un truc inhabituel qui aurait difficilement pu être créé ailleurs que dans un état en perte de frontières et d’intégrité. On avance, on atteint des paliers et chaque pas semble plus long que le précédent, l’allure devient saccadée. On marque une pause, et on repart.

On reste dans la même atmosphère, on reste dans l’adipeux et l’organique, on augmente le tempo et on caresse du bout des doigts la syncope sur Melhesedek. Le ton se durcit, on se laisse marteler par un truc d’aspect bordélique et pourtant bel et bien millimétré jusqu’à ce que, sans même que vous ayez peut-être pu vous en rendre compte, on bondisse à pieds joints dans un bain d’abstract trip-hop en 7/4 follement bien foutu. Puis vient Kolia, quatrième et dernier morceau made in Collage Noire. A ce stade cela parait presque plat face à ses trois prédécesseurs, peut-être parce que l’on touche justement à ce qu’il y a de plus originel dans cet EP, une trame trip-hop « à l’ancienne », sans fioritures ni transversalités, rien qui dépasse, juste le rythme, l’Orient et les basses.

L’une des surprises de ce Black Steel vient également des deux pistes remix qui clôturent la marche. On y trouve en effet une seconde version de Black Steel revue par L’Onironaute (parfois orthographié « L’Oniraunote », j’arrive pas à capter, démerdez vous avec ça), entité trip-hop française dont l’encéphalogramme semblait pourtant avoir rendu l’âme depuis leur seul et unique album paru en 2010. Une réapparition étonnante donc, mais en même temps extrêmement fidèle à ce que l’on pourrait être en droit d’attendre de leur part. Certes du trip-hop sur du trip-hop ce n’est pas avec ça que l’on va révolutionner le monde de la musique, mais tout de même, la retouche est profonde et L’Onironaute imprime bel et bien sa patte roots sur l’EP de l’ukrainien Collage Noire.

Ha oui, et sinon à la fin y’a un autre remix, par l’argentin Flint Kids. Pour celles et ceux qui étaient d’avantage venus nous lire pour l’aspect abstract que trip-hop, n’hésitez pas à pousser l’oreille, y’en aura que pour 3 minutes supplémentaires.

Vous pouvez vous procurer Black Steel par ici, et suivre l’actualité de Collage Noire par là.

Adrien

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