Razgraad – The Water Towers. Synthé René

Razgraad - The Water TowersSi vous suivez nos lignes attentivement, d’une part vous aurez remarqué que l’on commence à sérieusement lorgner sur Yerevan Tapes depuis quelques temps, et d’autre part merci beaucoup, ça fait plaisir. Maison bottée, digne héritière d’influences ésotériques diverses et variables, on y aura notamment vu passer tout le gratin italien. Heroin In Tahiti, Mai Mai Mai et Metzengerstein en tête d’affiche, vous comprendrez qu’on a désormais pris l’habitude d’accourir sans demander notre reste chaque fois que le petit label – qui n’est pas arménien, rappelons-le – daigne se réveiller.

Armé d’un éventail de références psychés, allant du krautrock à la noise techno en passant par divers drones, ainsi que d’une charte graphique semblant sortir de copies d’écrans de fumeux films russes des années 60 recolorisés (mais non remasterisés), Yerevan Tapes a su se forger une aura fascinante, et sans concession.

Pour leur dernière sortie, ils ont misé sur la nouveauté. The Water Towers est la première production du bolonais Salvatore Miele sous le pseudo Razgraad. L’étiquetage de ce court album (ou, disons-le d’emblée, de cette cassette) comporte inévitablement les mentions « techno » et « noise », mais le rendu est en réalité bien plus complexe que cela. Avec ses cordes saturées, voire stridentes, le tout calé sur un banal 120bpm, Raw Moss Ra n’annonce en tous cas ni plus ni moins que cela. La teinte drone indus permet néanmoins d’apprécier le fait qu’on est pas tout à fait en présence d’une techno racoleuse et outrancière. Le beat était apparu de façon totalement impromptue, et c’est pareillement qu’il finit par se casser en fin de morceau. Allez salut.

Pour celles et ceux pour qui ça commençait à sentir un peu trop le dancefloor par ici, pas de panique. Si From Bear To Wolf essaime sans conteste une ambiance semblable à son prédécesseur, le style est néanmoins différent. On s’éloigne de la techno, la rythmique se saccade et le synthé prend de l’ampleur, venant agrémenter la trame déjà grinçante de son timbre brut et criard. Ca dénote, c’est presque dissonant. Bref, c’est pas mal du tout.

Intro longue et mise en haleine sur Onyeocha. Le ton monte, impassible. Les éléments précédents sont toujours là, égrainés lentement, simplement pour prévenir. Pour dire qu’il va se passer quelque chose. Et encore une fois, ce quelque chose peut surprendre. La saturation s’étire au dessus d’une ligne de basse lourde et minimaliste, formant ainsi la section « épique » de cet opus. Mais attention, disons « épique » dans le bon sens du terme, celui du post-rock cathartique, qui annihile toute possibilité de divagation.

The Water Towers est un album étonnant. En seulement cinq pistes, l’écoute de la première sortie de Razgraad est jonchée de surprises. Le style est indéfini, trop variable, et souvent friable. Chaque morceau apporte son lot d’appréhension, car beaucoup d’outils utilisés ici pourraient vite prendre une sale tournure. Le mélange de synthé et de guitare, notamment, peut s’avérer périlleux, et on le sent à chacune de leurs apparitions. Mais Razgraad s’en cogne. Et s’en sort. Après un OhQuetus reprenant l’ensemble des éléments et influences sus-cités, et par conséquent très représentatif de l’ensemble de cette cassette, The Water Towers se ferme sur NeuTanz, huit grosses minutes d’un synthé qui sait montrer sa puissance et son caractère tout en gardant son calme. Avec classe, et charisme, disons.

The Water Towers, de Razgraad, est donc disponible chez Yerevan Tapes, en digital ou cassette, moyennant le déboursement d’une somme bien trop modique pour que je me permette de l’écrire ici.

Adrien

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