Au revoir 2023

J’ai vraiment besoin de vous faire un résumé de l’année passée ? Non, c’est bien ce que je croyais. De toutes façons, j’en ai pas envie, j’ai la grosse flemme. Ça m’empêchera pas de vous jeter à la tronche mon pot-pourri annuel, après une année famélique en chroniques aussi pixelisée que les œuvres de Yuni Yoshida. Je vous laisse donc directement avec le contenu, avant de faire une pause de trois mois minimum pour m’en remettre.

Bonne(s) écoute(s).

17/01 Ryuichi Sakamoto – 12 [Commmons]

Ultime sortie du japonais avant sa disparition en mars, 12 se veut un album sombre dans sa forme, mais avec une notion d’acceptation de son destin dans le fond. Enregistré à bout portant dans son studio, les mélopées fracturées et empreintes de nostalgie résonnent au plus près de nous, au point d’entendre régulièrement les respirations fatiguées de Ryuichi Sakamoto à travers l’heure d’écoute. Souvent aériennes, parfois dissonantes, les notes de piano se réverbèrent dans les silences volontaires qui trahissent leur poids à nos oreilles. Testament d’une vie constellée de succès et de collaborations fructueuses, c’est ici la douleur tue et les yeux rivés vers son dernier voyage que le compositeur met en avant, et sa retenue face à sa propre mortalité est de toute beauté.

20/01 Simon Scott Long Drove [Room40]

On retrouve dans Long Drove la même beauté fragile des paysages chers à Simon Scott que dans l’extraordinaire Below Sea Level sorti il y a 11 ans sur 12k. On y entend une nature marécageuse pulsatile, le vent qui la traverse chanter, les animaux qui la peuplent sortir de leurs nids. L’artiste est particulièrement au diapason de son environnement dans Holme Fen Posts, laissant les éléments exprimer une certaine mélancolie dans leur existence sous le niveau de la mer. On passe progressivement du mélodique onirique au field recording dilaté à travers de cette étude musicale, faisant lentement un avec l’environnement qui nous accueille dans la bienveillance de sa vie ralentie.

03/02 loscil & Lawrence English Colours of Air [Kranky]

Colours of Air, c’est un moyen synesthésique d’entendre des gouttes de couleurs se mélanger à un verre d’eau, créant des aquarelles fractales évoluant au gré des micro-courants aquatiques. C’est aussi voir ces mêmes peintures éphémères dans les huit compositions inspirées de nuances sur le spectre visible, aux intonations liquides et minimales se diluant dans l’éther. Des mouvements sonores élégants, stochastiques, magnifiques. Rien ne reforme la même image que la seconde ou la minute précédente, car l’aléatoire est de la partie durant les huit compositions basées sur un orgue, donnant un aspect presque sacré à ce travail. Un duo au sommet qui navigue de paysages lumineux et pleins de promesses à des côtes plus sages et plongées dans la pénombre, mais avec ces éternels sentiments de plénitude et d’instantanéité uniques. Une épopée sous forme d’ode à la retenue, révélant dans ses recoins monochromes un univers aux teintes définitivement infinies.

17/02 Hania Rani On Giacometti [Gondwana Records]

Déjà responsable de mon album de l’année avec Ghosts, Hania Rani avait également sorti un travail plus intimiste en février sur Gondwana Records, dédié à l’artiste Alberto Giacometti. Les courtes et nombreuses compositions expressionnistes dessinent des paysages aux contours abstraits, puisés au sein de l’environnement suisse dans lequel cette bande sonore a été écrite. Le piano est évidemment l’acteur principal de ces croquis minimalistes, discrètement accompagné de synthétiseurs libres comme l’air et du violoncelle fugace de Dobrawa Czocher. Les montagnes se matérialisent et leurs crêtes se meuvent au gré des mélopées magiques de la polonaise, l’eau des torrents ruisselle dans leurs lits jusqu’à frapper nos tympans à chaque note, les ambiances alternent entre lumière zénithale et couleurs crépusculaires au gré des rythmes variés d’On Giacometti. Un petit bijou d’ambient sauce classique moderne.

17/02 Pita / Friedl Pita / Friedl [Karlrecords]

Dernier projet sur lequel Peter Rehberg a travaillé avant son décès en juillet 2021, on le retrouve derrière ses machines organiques dans lesquelles se diluent le piano décortiqué de Reinhold Friedl. Qui fait quoi dans ces trois longues pistes marathoniennes électroacoustiques ? Difficile à dire, tant l’osmose entre les deux artistes est totale. Chaque homme laisse pourtant régulièrement l’autre respirer et briller de son propre éclat, pour mieux lui répondre dans la minute qui suit. Les inspirations bruitistes se retrouvent jusque dans les titres, assumant jusqu’au bout la volonté de repousser leurs limites dans ce qui, sur le papier, semble foireux au possible. L’improvisation comme fil conducteur, je valide.

24/02 Grand River All Above [Editions Mego]

Plusieurs salles et plusieurs ambiances sur All Above, qui alterne les instruments de composition pour autant de virages de l’humeur sur ses huit titres. Du plus intime des pianos dans Quasicristallo à l’impétuosité d’une guitare électrique presque Hecker-esque dans Cost What It May, en passant par des visuels plus oniriques dans Human et Seventy One Percent, Grand River écrit un poème haut en couleurs et en émotions, variant les méthodes pour accoucher d’autant de plaisirs potentiels en résultat. Une belle épopée aux tons futuristes, dédiée à Peter Rehberg et à tous ceux qui se laisseront bousculer par des morceaux synthétiques aux résonances bien organiques.

24/02 Kassel Jaeger Shifted in Dreams [Shelter Press]

Shifted in Dreams, c’est un peu une chasse perdue à la réalité. Les enregistrements de terrain, dès qu’ils deviennent palpables, se dissipent. Les harmoniques familières cèdent instantanément la place à la dissonance. Les mélodies que l’on arrive à attraper se superposent progressivement en cycles désaxés pour se métamorphoser en un amas pseudo-brouillon de sons. Tout est construit pour nous faire croire à un confort qui n’arrivera jamais réellement jusqu’à nous, et c’est cette instabilité volontaire que l’artiste produit qui fait toute la beauté de cet album. La félicité dans l’inconnu et le dérangeant, en somme.

04/03 Matt Rösner Empty, Expanding, Collapsing [Room40]

J’ai toujours aimé le piano, étiré entre cordes et percussions comme une chimère parmi les catégories d’instruments. Une place presque unique lui y est dédiée, et les dynamiques que l’on peut lui appliquer peuvent le rendre brutal, lancinant ou doux comme un agneau. Dans Empty, Expanding, Collapsing, un piano droit est au centre de l’attention, déclinant ses mélodies stochastiques parmi des textures mesurées et des accompagnements musicaux qui le subliment. On s’y perd dans le temps qui passe, oubliant les va-et-vient du pendule toisant la chambre dans laquelle on est isolé, observant les éléments lisser les paysages monochromes par la seule fenêtre de la pièce. C’est poussiéreux et tout en nuances de gris, mais pourtant curieusement réconfortant. Un album prônant le cocooning face au spleen hivernal.

06/03 Wil Bolton Like Floating Leaves [Laaps]

Wil Bolton a toujours eu cette capacité de créer un ambient pointilliste qui rappelle un chez soi estival à la campagne. Allongé dans une chaise à bascule à l’ombre d’un peuplier, observant le ciel parsemé de quelques cumulus cotonneux. À l’écoute de la vie qui anime cette petite bourgade à l’écart de l’agitation de la civilisation ; les discussions des voisins, les insectes éveillant le jardin, la brise méridionale qui caresse la peau. Chaque élément sonore est à sa place malgré l’opulence relative des compositions ; enlevez-en un, et tout est dépeuplé. Un superbe exemple de ce que continue de nous offrir le passionnant projet Laaps.

17/03 ASC Hiding in Plain Sight [Horo]

Retour sur Horo pour James Clements, avec un triple LP qui étend encore sa maîtrise des compositions lunaires aux rythmes fracturés et atmosphères distendues. On passe de confortables flottements spatiaux (Dying Star, Mirrored Sequence) à des chapitres frontaux en dents de scie (Surface Encounters, Dreadnought), rendant cette épopée astronautique pleine de surprises. Mentions spéciales à la danse ritualistique Landslide et aux lentes marées glitchées de Centrifuge, prouvant si c’est encore nécessaire tout le talent de l’américain à frapper juste dans le paysage de la techno actuelle.

20/03 Atom™ – Texturen IV [AtomTM_Audio_Archive]

J’ai choisi ici Texturen IV, mais cette année, il y a aussi Texturen V, Texturen VI et Texturen VII qui sont sortis, et je pourrais en dire la même chose. Explosion des parutions donc, pour cette série qui doit compter neuf chapitres ; Uwe Schmidt travaille sur l’enveloppe du son comme pas deux avec des monolithes de 54 minutes à chaque fois. Les drones perméables, les textures en dents de scie et les lentes modulations harmoniques touchent systématiquement juste pour moi car je ne perçois pas le passage du temps en écoutant les Texturen. C’est aride comme pas possible, mais je me laisse engoncer dans ces travaux kilométriques pour être emporté dans des territoires électroniques en nuances bleu électrique, voyant les ondes sonores agir sur leur parcours rectilignes à la Tron. Une exploration des plans vibratoires à travers les fines divagations sonores que permettent l’installation réduite de l’artiste.

24/03 Material Object Telepath [Editions Mego]

J’ai toujours aimé ces albums aux sources réduites dans l’espace et dans le temps : Mare Nostrum de Hecq, Andøya d’Eric Holm, Rust de Swarm Intelligence… Créé à partir d’une unique improvisation au violon, Telepath tord et surtord l’instrument dans une démonstration de symbiose électroacoustique. Le matériel de base se voit transformé, passant d’un jeu purement humain à des arpèges impossibles au travers du prisme de la production électronique. Telepath devient un kaléidoscope aux reflets géométriques infinis et aux couleurs se mélangeant les unes aux autres sans jamais repasser deux fois par la même teinte, porté par une dynamique allant des accords stochastiques d’Hyphae jusqu’au final dilué dans l’éther d’Exit.

24/03 Uzhur S/T [NAHAL Recordings]

À l’image de la photographie de couverture, Uzhur est un brûlot distant se noyant dans la fumée ambiante. Insaisissable et sans compromis, les friches industrielles bâties dans leur album éponyme sont à leur tour défigurées en environnements instables et irreconnaissables, devenant à leur tour l’ombre de l’ombre qu’elles furent à une époque. Un endroit où l’humain ne semble plus avoir sa place, en témoignent l’usage de voix robotiques dérangées et d’une esthétique post-brutaliste impardonnable. Ça bouillonne de corruption, est sous le joug d’un éternel vent mauvais et semble profaner des incantations maléfiques à chaque tournant. Massif du début à la fin, ce S/T ne laisse définitivement pas indifférent.

07/04 Tim Hecker No Highs [Kranky]

Premier album depuis l’extraordinaire Konoyo (si on ne compte pas les bandes sonores sorties entre temps), je ne sais pas trop quoi penser de No Highs. Il y a des longueurs indéniables, mais j’ai envie de l’aimer quand même. Des répétitions un peu trop marquées à mon goût, mais on y décèle aussi les arpèges instables du canadien que j’apprécie tant. Ce qui vient vraiment placer No Highs dans l’incertitude, c’est la présence de Colin Stetson et de son saxophone alto modal, qui vient donner une épaisseur inédite aux travail de Tim Hecker, mais je regrette qu’il ne soit pas plus présent car sa relative dissonance vient faire briller les compositions qui manquent parfois de profondeur dans cet album. J’en retiendrai d’ailleurs le menaçant Lotus Light et la mélodie infinie de Monotony II, à faire dresser les poils de l’échine. Bref, je pense qu’en continuant à l’écouter, je serais de plus en plus séduit. En attendant, je retourne à l’OST superbement sombre et fantomatique Infinity Pool.

07/04 Variant Plays Sequential Space [Echospace Detroit]

En attendant qu’un jour, je me décide à chroniquer l’anthologie de la vie Vortexual [Tape Sessions], je pourrai vous parler de Variant avec une de ses sorties régulières sur Echospace [Detroit], maison émérite de la dub techno s’il en est. Ici, voyage de plus de trois heures et trente minutes aux confins du confort de l’espace et de son exploration des constellations distantes qui le parsèment. 72 minutes par morceau, ce n’est jamais trop long pour se perdre dans les recoins réverbérés de Plays Sequential Space qui est, comme tout ce que produit Stephen Hitchell sous ses différents alias, une lettre d’amour intemporelle au matériel analogique. La répétition est ici signe d’une magie électronique comme peu d’autres savent l’exécuter, et on s’égare dans le cosmos sans rechigner.

14/04 GoGo Penguin Everything Is Going to Be OK [XXIM Records]

C’est pas souvent que Tartine parle jazz, mais GoGo Penguin, c’est un des plaisirs (non-)coupables à côté desquels il est difficile de passer. Piano aérien, pizzicatos magistraux à la contrebasse et batterie en soutien inconditionnel aux mélodies, le trio module les tempi et triture ses textures plus que jamais dans Everything Is Going to Be OK, utilisant leur musique comme un moyen cathartique de faire face à un monde visiblement de plus en plus sombre. Et on sent ici un certain mélange de nostalgie et d’optimisme dans des pistes ambivalentes au possible, nous laissant libre choix quant à leur interprétation. De la gravité instable de Soon Comes Night à la frénésie de vivre de Parasite, c’est ici une montagne russe de sentiments complémentaires qui nous accueille, expression à nouveau d’une belle maîtrise de la fusion des genres par GoGo Penguin.

21/04 Pascal Savy Simulacra [Cyclic Law]

Ça drone sec dans Simulacra, mais n’oublie pas que la textures sonore, c’est la vie. Des pulsations sous-marines menacent de nous submerger sous des lames scélérates, des échos industriels semblent rappeler que le monde dans lequel nous vivons n’est plus qu’un mirage de ce qu’il a un jour été. Un ambient dérangeant se révèle ici, plein des injustices vécues à notre époque, empli d’une colère à peine sous-entendue. On y perçoit malgré tout des harmonies lumineuses en fond, mais il devient vite évident que leur vie ne tient qu’à un fil. Un beau mélange des influences, poussées dans leurs retranchements respectifs.

28/04 Automatisme Groove 14 [Outlines]

Automatisme est toujours là, aux confins du dub croisant les glitches créés par des compositions algorithmiques. Ça donne un album en deux longues faces spatiales aux lents changements qui contrastent avec la frénésie rythmique intrinsèque de l’univers sonore de William Jourdain. L’impression de suivre un flux d’électrons plus ou moins libres dans un circuit imprimé qui change aléatoirement de schéma au cours du temps. La sensation d’être une balle rebondissante dans une cage en verre inondée par le soleil, comme ce que m’évoquait déjà le premier album éponyme de Second Woman. Ça saute dans tous les sens tout en gardant une certaine grandeur dans le sound design, éloignant comme il le faut le clicks and cuts parfois trop aseptisé pour se transcender.

23/05 Watine Cinétique Géostationnaire [Catgang]

La musique de Watine est toujours aussi difficile à étiqueter, et c’est tant mieux. Cinétique géostationnaire est fait de balades solitaires allant d’influences jazzy nerveuses à des oratoires presque funestes dans certains recoins de l’album. Mais il y a toujours un certain poids dans ce quatrième travail d’une trilogie initiale, une mélancolie intrinsèque chantant les douleurs de la vie, essayant régulièrement de se transcender dans la lumière des mélopées au piano omniprésent. Un choix entre deux possibilités où il nous est offert soit de sombrer dans un coucher de soleil éternel, soit d’émerger de derrière l’horizon pour renaître. Il ne reste qu’à nous de choisir l’épilogue de ce voyage inclassable aux détails intriqués fait de cris étouffés et à gravité variable, tantôt rassurant, tantôt cathartique, mais toujours délicatement touchant.

26/05 Matter Frammenti [I Shall Sing Until My Land Is Free]

Fabrizio Matrone fait éternellement partie de ces corrupteurs sonores qui me plairont sur le long terme. Technoise vérolée et sonorités industrielles rouillées se télescopent dans Frammenti, conduisant un courant électrique aux textures assassines entre nos pavillons. Les friches brutalistes se dessinent alors sous nos yeux, balayées par des vents radioactifs qui font crier notre compteur Geiger. Des odes à la décrépitude culminant dans un ralenti destructeur durant le final Contrasto. Ça fonctionne décidément toujours aussi bien pour moi.

09/06 Martin Nonstatic Pulsatille [Ultimae Records]

Pulsatille est pour moi l’alliance parfaite entre les paysages semi-arides des regs dépeints dans Granite et le sound design micrométrique de Ligand. Chaque élément sonore est à sa place dans cette fusion entre IDM léché, dub dilaté et downtempo aux multiples points de vue, pour se poser dans des fresques évoquant les évènements naturels qui passent hors de notre portée en règle générale. La sève qui parcourt une feuille, la rosée qui en coule au petit matin, son évaporation sous les rayons solaires qui traversent la brume… Une méthodologie musicale des cycles se retrouvant dans la perfection permanente des constructions électroniques de Martin van Rossum, puisant dans son passé pour poursuivre l’édifice aux milles détails qu’est aujourd’hui Pulsatille. Intrinsic et Vehuiah à elles seules valent leur pesant d’or dans les musiques panoramiques si chères à Ultimae Records.

09/06 Werner Dafeldecker & Valerio Tricoli Der Krater [Room40]

Deux cauchemars qui m’évoquent les peintures sépia de Svarte Greiner s’écaillant devant mes yeux sous les assauts du temps, voilà ce que dévoile Der Krater. Les lamentations de la contrebasse de Werner Dafeldecker s’effilochent dans les bandes magnétiques de Valerio Tricoli, dessinant les terreurs nocturnes d’un schizophrène en proie au déséquilibre mental. C’est sombre et effrayant, et les détails intriqués dans chacune des deux pistes rappellent des monstres métamorphiques auxquels on cherche à échapper dans nos pires rêves. Mais l’attention au moindre élément nous pousse à persister dans notre exploration de ces contrées anthracite, balayées par des vents mauvais en érodant chaque parcelle exposée. Un comportement à la limite du masochisme, dont les deux artistes se font les instigateurs et les voyeurs, à notre plus grand dam. Un exercice d’excellence électroacoustique au fond d’une fosse commune.

16/06 Caterina Barbieri Myuthafoo [Light-years]

La prodige du synthétiseur modulaire remet le couvert avec Myuthafoo, dont les écarts entre arpèges frénétiques et phases ambient bien plus dilatées m’évoquent les deux faces d’une même pièce comme sur son toujours très pertinent Patterns of Consciousness. Les mélodies entrent en collision avec leurs rejetons pour créer plus que la somme de leurs parties dans Math of You, puis elles s’étendent sur une dimension temporelle ralentie et aquatique durant Myuthafoo. Les textures incisives de Memory Leak se réfléchissent à l’envers dans la délicatesse profonde d’Alphabet of Light. Une démonstration de la dichotomie jusque dans la composition elle-même, construisant des morceaux aux facettes infinies à partir d’un ensemble réduit d’instruments. Cette magie d’un minimalisme initial contrôlé pour finalement le laisser diverger en territoires inconnus est propre à l’italienne, toujours au sommet de son art.

01/07 Christian Bouchard IV [empreintes DIGITALes]

Toujours aussi passionnant, empreintes DIGITALes continue de mettre des pavés dans la mare des musiques électroacoustiques avec IV, démonstration en cinq temps des intervalles entre réalité et abstraction. Jungle cybernétique dans Birdscape, arpèges stochastiques durant UHF-Complex, jeux de cache-cache sonore avec Nombres et Silences, le tout entrecoupé d’incursions bien humaines sur les deux autres pistes, la dynamique de IV est folle et permet un voyage au bout de l’imagination dans un cadre bien humain, histoire de ne pas se perdre en route. Comme le dit mieux Christian Bouchard lui-même, il offre « une écoute de la matière », modelant des sculptures métamorphiques avec une débauche sonore jamais étouffante. Passionnant.

14/07 Hecq Form [Mesh]

Absent depuis six longues années, Ben Lukas Boysen relance son projet qui aura définitivement marqué la musique électronique depuis le début des années 2000. Hecq revient donc avec un EP chez Mesh, pour mon plus grand plaisir. Bien qu’il soit très (trop) gentillet à mon goût, préférant des débauches rythmiques à la 0000, son modern classical immense dans Night Falls ou sa lecture magistrale du field recording avec Mare Nostrum, Form sonne pour moi comme un avant-goût d’un peut-être futur album, et ça suffit à me saucer grave. Même si la majorité de ses morceaux sonne un peu trop relâchée, on y reconnaît l’attention de lapidaire au moindre élément sonore qui me donne envie de découvrir où Hecq va bien pouvoir aller ensuite. Personnellement, j’ai acheté l’EP uniquement pour le syncopé Redom Solid, démonstration drum’n’bass aux accents ambient et breaks chirurgicaux comme seul cet artiste sait y faire. Vivement la suite dans cette veine, donc.

21/07 Andrew Hargreaves Drones in the Air [Tape Loop Orchestra]

Je ne l’ai pas cité (exceptionnellement) l’année dernière, je me rattrape en parlant d’Andrew Hargreaves en 2023. Prédécesseur de son travail Onde sinusoïdale et Bande magnétique chez Quiet Details, Drones in the Air me passionne bien plus dans son exploration des possibilités offertes par de simples oscillateurs car il se délite dans une distorsion progressive qui lui donne une épaisseur supplémentaire. Les drones entrent en collision les uns avec les autres, avant de se laisser émousser dans des harmonies bruitistes et autres espaces négatifs colonisés par des transmissions brisées que j’affectionne particulièrement. Sûrement que les conversations radiophoniques perdues dans les airs me rappellent celles utilisées dans le Stealth de Sleep Research Facility, pierre angulaire du dark ambient dronesque dans mon catalogue personnel, où les voix filtrées semblent prêtes à s’évaporer, faisant de nous leurs ultimes témoins. Et c’est cette position face à des compositions minimalistes ressenties comme éphémères qui me font aimer Drones in the Air, nous proposant d’être privilégiés de les entendre avant leur hypothétique dilution dans la haute atmosphère.

04/08 Yui Onodera Mizuniwa [Decaying Spheres]

Une forêt monochromatique à flanc de montagne, un jour de pluie. Le vent qui circule entre les branches des arbres centenaires, portant leurs histoires d’avant notre temps. Les gouttes d’eau qui s’écrasent avec délicatesse dans des flaques reflétant la danse des nuages gris au-dessus de nos têtes. Le grain du bois sous notre paume, qui a vu des évènements inimaginables au cours du temps. Les pads ambient et les textures gentiment granuleuses de Yui Onodera transportent là-bas et transmettent son humilité face à une nature qui nous dépasse, monolithique et fragile à la fois. Une beauté éphémère gravée dans ces 34 minutes du bout du monde.

05/08 The Inward Circles Before We Lie Down in Darknesse [Corbel Stone Press]

Éternellement préoccupé par les notions de déclin dans sa musique, The Inward Circles utilise ici l’enregistrement de quelques secondes d’un vinyle vieux de 50 ans pour composer sa bande sonore la plus proche de l’effondrement à ce jour. Et pas de souci, les notes semblent se diluer dans l’éther qui nous attend tous au-delà du voile. Fatiguées. Poussiéreuses. Silencieuses. Parfois perdues dans la distance, d’autres fois bien plus proches de nous, les mélodies s’évanouissent systématiquement d’entre nos mains pour que l’on se souvienne mieux d’elles. Car c’est ce qu’on ne peut pas conserver qui se grave au plus profond de nous.

01/09 Rod Modell Ghost Lights [Astral Industries]

Je le connaissais jusque-là mieux sous son alias DeepChord, en particulier le duo Echospace formé avec Stephen Hitchell, dont la dub techno ne me lassera ô grand jamais. Je découvre du coup Rod Modell sous son vrai nom chez Astral Industries, où il offre un double vinyle du plus bel ambient que j’ai écouté cette année. Field recordings célestes et cristallins sur basses fréquences caverneuses et cosmo-aquatiques, les quatre longues méditations de Ghost Lights sont d’une grandeur démesurée. Et on se perd dans ces topographies sonores avec un plaisir non-dissimulé, hors du temps et de l’espace, plus loin que la réalité dont chaque chapitre s’inspire pourtant fortement. Les paysages nocturnes aux cieux étoilés se meuvent en fractales nuageuses aux lentes respirations dronesques en fond de toile, nous faisant décoller de la terre pour rejoindre les constellations perdues au fond de ces peintures au lents mouvements circulaires. Magnifique.

11/09 JK Flesh No Exits [Avalanche Recordings]

Le gazier des musiques industrielles revient avec un LP aux airs de brise-glace mû par un réacteur nucléaire à cœur ouvert. Le sound design est infecté au possible, les kicks nous interrogent sur l’intégrité de nos subwoofers, la distorsion dubbée met en abyme la collapsologie. No Exits navigue en eaux industrielles et fracasse tout sur son passage, de lentes agonies (Not My Dub, No Man No Cry) aux plâtrées d’uppercuts en roue libre (White Van Horror Man, My Fucking Exit), avant de sombrer dans un maelström désaturé durant le final No Way System. Du début à la fin, aucun compromis ici, vous serez prévenus.

22/09 Illuha Tobira [12k]

Toujours aussi passionnant dans son ambient enregistrant des évènements microscopiques dans la pure tradition japonaise, Illuha devient un trio avec l’inclusion du percussionniste Tatsuhisa Yamamoto dans ses rangs. La batterie en particulier donne une épaisseur inédite aux travaux de Tomoyoshi Date et Corey Fuller, dont le micro-pointillisme particulier se transforme dans les rythmes à fleur de peau de la caisse claire et des cymbales. Toujours cette même attention au détail, culminant cependant toujours dans Akari pour moi, mais loin est l’idée de déprécier Tobira, qui abandonne une partie de ses multiples sources sonores au bénéfice des percussions dont les rythmes tenus ou aléatoires prennent régulièrement la voix principale devant les mélodies délicates du duo initial. Une manière d’étendre le champ des possibles pour un groupe toujours aussi pertinent dans l’ambient organique et minimaliste que 12k prône.

22/09 The Pitch & Julia Reidy Neutral Star [Miasmah]

J’ai toujours aimé le romantisme noir dans lequel le dark jazz m’emmène. Le quintette joue ici coincé au fond d’un club enfumé, des néons clignotant maladroitement au-dessus d’un bar quasiment vide. Des couples éphémères sont installés dans des fauteuils confidents, le regard perdu dans l’autre. La scène est mal éclairée mais permet de distinguer des visages concentrés sur leur art prêt à se perdre dans une ville malfamée. Le vibraphone donne une teinte mystérieuse et légèrement chaleureuse à l’ensemble du travail ancré dans une ambiance sombre de fin de nuit, mais on y restera quand même pour ses deux longues improvisations en niveaux de gris qui sentent le cuir et le tabac.

22/09 Zimoun ModularGuitarFields IVI [12k]

ModularGuitarFields IVI prend une teinte particulière dans le catalogue de 12k. Son énergie globalement plus sombre parmi des albums souvent proches de la lumière m’ont emporté dans un crépuscule éternel, au soleil caché tout juste derrière l’horizon. Les couleurs chaudes semblent se disperser sans fin dans des compositions impressionnistes en mouvement perpétuel, et notre seul souhait serait de pouvoir voler pour les rejoindre dans leur danse. Aux interstices bien plus complexes que seules des écoutes répétées pourront déceler, ModularGuitarFields IVIest une aventure minimaliste captivante de bout en bout pour ceux portant la patience en vertu.

17/10 Fatalism Gh0st [Bedouin Records]

Gh0st est une bande sonore pour la fin du monde pendant qu’on reste caché dans une pièce anti-panique. On perçoit la destruction de l’environnement extérieur qui fout du larsen dans les micros de nos caméras de sécurité et sature les esgourdes d’explosions texturales. Une invasion a probablement lieu avec tous ces sons extraterrestres (mention spéciale au halldorobass bestial sur Deafening [M]oon) qui nous assaillent à travers les mètres de béton de notre bunker. L’espoir essaye de faire face à la distorsion locale des chants magnétiques, au travers de brèves excursions mélodiques désaccordées (Gh0st II), mais rien n’est moins certain que notre succès à rester optimistes face à la brutalité de certains extraits de vie dépeints ici (Lanesplitter). La Guerre des mondes version sonore, c’est ici que ça se passe.

18/10 Kevin Richard Martin Black [Intercranial Recordings]

Post-dark jazz, ultradub ambient, darkgaze drone, étiquetez cet album comme vous le voulez, mais laissez-vous envelopper par ces hymnes sombres dédiés à Amy Winehouse. Kevin Richard Martin continue de creuser ce sillon black ambient dubbé sous son vrai nom, et ça fait encore mouche. Mélodies qui s’envolent vers le crépuscule éternel, drones obscurs qui pointent leur nez et vous engloutissent de l’autre côté de l’horizon, Black est du blues instrumental brumeux pour ceux qui en ont marre du blues. Approchez-vous-en, et vous sentirez peut-être une cigarette éteinte avec un verre de bourbon sur le côté.

24/10 Emptyset Ash [Subtext Recordings]

Après les excursions power-acoustiques de Borders et la parole laissée essentiellement à une intelligence artificielle dans Blossoms, on revient vers les premières amours d’Emptyset, le travail sur le feedback dans une rhythmic noise qui leur est si particulière. Les structures percussives se font plus syncopées que jamais, bien que les sonorités se rapprochent de la tuerie intemporelle que reste Recur, sorti il y a dix ans chez RasterNoton et réédité pour l’occasion chez Subtext Recordings. C’est pas pour me déplaire ; la seule chose qui m’embête un peu ici est le total de tout juste 16 minutes sur Ash. Même si on a été toujours habitué à des formats courts de la part du duo, limitant juste ce qu’il faut la puissance intrinsèque de leurs objets sonores, on reste quand même un peu sur notre faim.

03/11 Harmony of Struggle Brutal Aesthetics [Zoharum]

Rien de nouveau dans les thèmes abordés dans le power electronics : révolution, domination, déshumanisation, refus du présent… Et pourtant, je ne sais pas encore trop pourquoi aujourd’hui, Brutal Aesthetics sonne différent du tout-venant dans un genre dont on ne sait jamais s’il est déjà limé jusqu’à la moelle ou non. Moins de hurlements frustrants peut-être. Plus de place laissée aux basses fréquences, donnant la sensation de marcher sur du magma en fusion plutôt que de se prendre des pics à glace à 15.000 Hz dans les oreilles. Presque une heure d’anatomie d’un futur que l’on ne veut pas vivre dans un présent qui nous dégoûte, et ça fonctionne. Pourquoi ne pas embrasser l’apocalypse, après tout ?

03/11 Hilary Woods Acts of Light [Sacred Bones Records]

Rituels funestes sur un autel du sacrifice, voilà où nous emmène Acts of Light. Un sentiment d’excavation transpire du sound design bestial de la compositrice, aux airs de Miasmah croisé avec The Inward Circles sous stéroïdes. C’est sombre et menaçant, mais aussi diablement séducteur dans les lancinances des cordes et les voix défigurées qui parsèment cet enregistrement à la folk obscure. On se sent presque happé malgré soi dans les interstices sépia de Hilary Woods, où les fantômes d’un passé qui n’a jamais eu lieu hantent chaque recoin. Cœur avec les doigts pour cette grosse poutrasse de Sacred Bones Records.

03/11 Lisa Lerkenfeldt Halos of Perception [Shelter Press]

M’évoquant un peu les travaux de Ryuichi Sakamoto avec ses séquences mélodiques fracturées et répétées, Lisa Lerkenfeldt va du tonal syncopé (Limestone, Cobwebs) à des envolées lyriques me transportant dans une animation de Ghibli (Stairway to the Interior), en passant par des tunnels ambient aquatiques en miroir des paysages aériens précédemment cités (A Fragrance of Moss and Chalk). C’est texturé comme pas possible, donnant une épaisseur folle au piano qui est trituré en long et en large à travers du matériel analogique, presque d’une façon concrète. Ça accouche de reliefs allant des plus hautes crêtes montagnardes aux tunnels souterrains qui les traversent de part en part, tout en restant dans la simplicité (mais certainement pas le simpliste). Du terre à terre pour les explorateurs, en somme ; on reste rêveurs face à cette galette.

06/11 Plastre Clinical Skills [High Digital]

Suite spirituelle de Fatigue de la Lumière, les 22 minutes de Clinical Skills sont aussi intenses qu’un éclair qui vous frappe en pleine tête, et aussi abrasives qu’une glissade incontrôlée sur un tapis de papier de verre grain 50. Ça breake de partout comme un goret, les grands écarts fréquentiels se prennent pour Jean-Claude Van Damme entre deux semi-remorques, et globalement, les compositions chirurgicales vous empêcheront systématiquement de garder votre équilibre avec des rythmiques syncopées entrecoupées de moments dark-ambientesques en volumes négatifs. C’est massif et festif quand il le faut, mais aussi calme et étouffant pour balancer l’ensemble dans des fresques texturées aux couleurs saturées et contours glitchés, dont les bulles de peinture en surface bouillonnent d’impatience de vous éclater à la figure. Un peu court tout seul, Clinical Skills prend, je trouve, son véritable sens en suivant l’écoute de son prédécesseur. À vous de voir si vous avez le courage de survivre à ça.

17/11 Simonel Colmena [Line]

Line semble glisser du côté de Home Normal avec ce travail basé sur l’ambient contenu alimenté aux bandes magnétiques. La dilatation du temps est de mise dans Colmena, portant la stase à des sommets de délicatesse et de confort, et juste une dose parcimonieuse de nostalgie propre au format utilisé par Simonel. On a l’impression de revenir en enfance avec ces mélodies innocentes se répétant faussement, les souvenirs émergeant en teintes pastels entre nos synapses. Neuf électrons libres qui couperont momentanément le lien avec le présent, comme seul l’oxyde de fer sait le proposer.

24/11 Corrado Maria de Santis Over a Long Time [Lost Tribe Sound]

La guitare électrique et le drone, c’est une de mes passions. J’aime du coup bien Corrado Maria de Santis, qui n’hésite pas à glisser du côté de la noise non plus pour agrémenter ses textures de catharsis non-dissimulée d’une tragédie de la vie. La perte d’un père, dans ce cas, qui se transforme en six compositions démonstratives aux airs d’adieux parfois violents, parfois désabusés, mais toujours authentiques. Des notes tenteront d’émerger de-ci de-là, mais se noieront systématiquement dans le brouillard ambiant, car la colère est une étape du deuil obligatoire pour renaître plus loin d’un terreau semblant infertile.

05/12 Skrika Vyeltyra Vortex [Cryo Chamber]

Skrika remet ça cette année avec Vyeltyra Vortex, suite à l’excellent Soludenia de l’année dernière. Construit comme une suite décrivant des rites pour aspirer à l’illumination d’une civilisation plus avancée que celle des protagonistes à travers l’usage de la dimension temporelle, l’album transcende à nouveau ses origines dark ambient avec une myriade de couches sonores qui donnent du corps à l’ensemble. Transmissions brisées, mélodies (parfois un peu trop) à la Blade Runner, textures extraterrestres, Monty Adkins continue d’être un des actes les plus intéressants de Cryo Chamber avec sa musique dépassant la consanguinité de son catalogue.

08/12 Far Away Nebraska Il Viento Mi Parla di Te [Home Normal]

Home Normal poursuit d’explorer ce sillon délicat de l’ambient minimaliste traité aux bandes magnétiques (une autre de mes passions, si je l’ai pas déjà dit). Far Away Nebraska coche ici toutes les cases : nostalgie à fleur de peau, mélopées libres comme l’air, textures analogiques qui donnent jusque ce qu’il faut de chair à l’ensemble, il y a ici une magie indéniable qui prend place. Le morceau titre à lui seul vaut le détour avec ses strates de clochettes et ses drones pastoraux, ne manquant pas de nous emmener dans les souvenirs chers à l’artiste. Ciel que c’est beau.

08/12 Jim Haynes Inauspicious [Helen Scarsdale Agency]

Grondements mécaniques rouillés, atmosphères corrodées, circuits électriques shuntés : aucun doute, nous voici encore dans le milieu post-industriel de Jim Haynes. Deux monolithes de 20 minutes qui passeront par tous les stades de saturation fréquentielle, avec comme trame directive le déclin de la matière sonore auquel est appliqué une pression monstrueuse. Toujours aussi fascinant dans son esthétique de la déliquescence, le californien repousse encore ses propres limites avec Inauspicuous, dont les falaises de contraste inattendues ne manqueront pas de vous donner des haut-le-corps.

08/12 Variát & Merzbow Unintended Intention [I Shall Sing Until My Land Is Free]

J’ai toujours préféré Merzbow accompagné par un ou plusieurs autres artistes, histoire de tempérer sa propension à défourailler à la Pulse Demon. Effet encore réussi avec Variát, dont les accointances industrielles et plus ambient suspendront les bourrasques du nippon en état de déséquilibre lorsqu’elles apparaîtront, dépeignant des panoramas de friches polluées au pétrole brut, bouillonnant encore par les derricks desquels il est sorti. Unintended Intention pompe le magma froid de sous la surface pour nous le coller à la tronche, tenant à la main le fil électrique branché qui mettra le feu à tout ça.

15/12 bvdub Asleep in Ultramarine [Dronarivm]

Brock van Wey se met désormais aux albums monopistes qui durent toujours près de 80 minutes, et ça me chatouille décidément autant de parler de lui. Certains décrient l’usage de plus en plus récurrent et abusé à la saturation, je trouve personnellement que ça convient parfaitement à l’évolution de bvdub, qui semble évacuer sa colère face aux incertitudes du monde et de soi dans lesquelles nous pouvons tous nous reconnaître. Expansif et massif, gourmand et croquant, Asleep in Ultramarine reprend les voix évasives et les pads ambient qui emplissent l’horizon de lumière aveuglante propres à l’artiste, et les étalent sur un seul morceau durant lequel on ne s’ennuie jamais, car il nous touche au plus profond à chaque seconde. Oiseaux de feu et collines polychromatiques au menu, et un peu de mélancolie au dessert.

Dotflac

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