Les oubliés de 2016… (EP / K7)

ep

Comme pour sa grande sœur la catégorie reine « Albums », le pot-pourri annuel de Tartine, qui commence à devenir aussi systématique que la cuite de Noël, fait maintenant la part belle aux EPs et cassettes. Une distinction qui commence à ne plus trop avoir de sens d’ailleurs, puisqu’à ce jour des albums sortent aussi bien sur cassettes que sur vinyles, que des EP sortent sur mini-discs et que certains s’amusent même à foutre tout ça directement sur clé USB ou autres disquettes Nintendo DS. Y’a plus de respect. Mais bon, on va dire que cette séparation en deux catégories est plus cosmétiques qu’autre chose, et qu’elle nous permet de ne pas vous livrer un pot-pourri unique qui fasse la longueur du manche de la casserole de François Fillon.

On va pas vous refaire le speech sur l’année 2016. On dira peut-être seulement qu’on reste toujours un peu dubitatif face au retour en grâce du medium à bandes magnétiques, morceau oublié dans la phylogénie des musiques électroniques, comme une boucle dans l’histoire. Comme quoi, y’a pas qu’en politique qu’on aime bien réutiliser les vieux pots. Et puis plus de cassettes ça veut aussi dire plus de plastique, et nous, on adore le plastique. Mais bon, on est encore loin de trouver un rayon bandes magnétiques à la Fédération Nationale des Achats des Cadres, puisque Monsieur et Madame tout le monde se contrefout de tout ceci. Nous sommes entre amateurs de sons peu usités, alors que ce soit du marketing lo-fi, de la pure nostalgie proustienne ou un réel travail acoustique, peu importe. Si ça fait plaisir aux gens et que c’est moins cher à produire, pourquoi pas. Après tout, on est pas un label.

Bonne écoute.

29/01 Noumeno – The Phantom [Haunter Records]

Un beau bordel de noise technoïde lo-fi à la structure fébrile, méchant mais tremblant. Un début d’année placé sous de bons hospices en somme. Et avec un petit remix signé WSR en prime.

30/01 D.A.S. D.A. – Features Vol.4 [Repitch Recordings]

Casting de rêve pour cet EP à la techno corrosive servie sur un pâté industriel un peu rouillé. Dans l’ordre, D. Carbone, Ascion, Shapednoise et AnD s’unissent dans ce qu’on peut imaginer comme un bordel sans aucun sens pour une collaboration si large, mais ne souffre pourtant d’aucune incohérence dans son absence de compromis. Ça reste un bordel quand même, qui fouette un peu l’échine comme on l’aime secrètement.

26/02 A Vengeance – Antennae [Darkfloor Sounds]

Deux grandes bretonnes qui tentent de vous casser la tête à l’indus downtempo, cradingue et rouillé. Ça nous rappelle pas mal d’autres choses, mais que des trucs bien a fortiori. Donc on valide.

29/02 Pulse Emitter – Blasted Space [Tabs Out]

Pulse Emitter nous sort certainement l’une des cassettes les plus stratosphériques de cette année. Neuf mois plus tard, Jean-Claude Risset nous quittait. Tout lien entre ces deux événements ne saurait être que fortuit.

11/03 Positive Centre – Nonharmonic Beautifault [Leyla Records]

Mike Jefford ne cesse de balancer des cachous à la vitesse du son dans son exploration permanente de la techno noire, indus et inarrêtable. Nonharmonic Beautifault l’a encore prouvé avec un EP qui ignore toute notion de temps mort et continue de creuser un sillon sale, mais diablement efficace. Non mais sérieusement, The Burin quoi.

18/03 Sister Grotto – You Don’t Have to Be a House to Be Haunted (Self released)

Simplissime. Entêtant. Addictif. Madeline Johnston n’a pas besoin de grand chose pour nous traverser le plexus. Chaque écoute révèle sa couche de frisson supplémentaire. Une perle.

23/03 Hellvete / Bear Bones, Lay Low – Spliff Tape [Oaken Palace]

On a toujours un peu de mal avec les splits. non pas avec le concept, ça c’est OK, mais faut bien dire ce qui est : en général, on aime qu’une seule des deux faces. Délicat. Alors cette année, quand on voit cette Spliff Tape paraître, alliant les noms d’Hellvete et de Bear Bones, Lay Low, on se dit que ça va être coton. Drone psyché d’un côté, tambouille chamanique de l’autre, les mecs de chez Oaken Palace nous connaissent bien. et nous redonnent (temporairement) espoir en les splits.

08/04 Gainstage – Elevated Noise [Portals Editions]

Cette cassette de Gainstage porte très bien son nom.

11/04 Bret Schneider – Chronololia [Phinery]

Perdez-vous. À jamais.

28/04 Steven Porter – Superbad [SNTS]

Le rare duo japonais s’est extrait momentanément de l’ombre en avril chez le tout aussi rare SNTS, en proposant un EP techno tout droit sorti des cauchemars d’un paranoïaque maladif. Textures organiques dérangeantes, martelages rythmiques lancinants et reliquats industriels claqués se potentialisent en un Superbad dangereusement fascinant.

01/05 Amulets – In Flux [Wounded Knife]

Pendant que certains se faisaient joyeusement gazer dans les rues de Paris, le label polonais Wounded Knife sortait deux pépites coup sur coup. La première est signée Amulets, qui nous a bricolé cette cassette, fidèle à sa ligne directrice. Des bons grésillements comme on en entend pas tous les jours.

01/05 Lake Mary & Nathan Wheeler – Also [Wounded Knife]

La seconde, signée Lake Mary et Nathan Wheeler, tombe dans un drone néo-classique minimaliste à toute épreuve. Une glissade réconfortante, sur un petit nuage. Il pleut en dessous. C’est pas grave.

09/05 Robert Heel – Naihehe [Etoka Records]

On ne va pas se mentir, si on ne vous parle quasiment jamais de house, c’est bien parce qu’on trouve ça quand même pas mal chiant. Mais avec la petite mouvance dub-deep, quelques artistes parviennent néanmoins à nous faire mentir. Après le monumental Granite de Martin Nonstatic, c’est au tour de Robert Heele de venir nous chercher dans nos retranchements. Vaguelettes cavernicoles pour puristes en recherche de nouveauté.

09/09 Docetism – Armenia [Nichts]

La ténacité de Docetism n’a d’égale que la dévotion de sa musique. Après une première apparition dans le pot-pourri 2015, le polonais continue sans relâche de dérouler son dub eucharistique. Toujours aussi bon, et même de mieux en mieux selon les dires de certains.

23/09 Ulaan Passerine – Moss Cathedral [Worstward Recordings]

Après The Great Unwinding sorti en février, Steven R. Smith remet ça dès septembre, avec ce Moss Cathedral. Et même si cet EP a par moments tendance à pencher d’avantage vers son alias Ulaan Markhor, on n’arrive pas à ne pas vous en parler. On a à chaque fois peur d’être déçu, mais on ne l’est jamais. On a un sérieux souci.

17/10 Pris – Love, Labour, Loss [Avian]

Le label Avian, où l’on retrouve également le duo suédois SHXCXCHCXSH, est une valeur sûre pour tous les amateurs de techno qui en ont marre de la techno. Avec cet EP, le producteur Pris répond plutôt bien à l’énoncé. Pourquoi s’encombrer avec du 120 bpm quand on peut allègrement aller taper du 180, ou faire du drone ? Cinq pistes qui semblent vouloir dire une chose très simple : « je vous emmerde ».

21/10 Seabuckthorn – I Could See The Smoke

Entre douze sorties de William Ryan Fritch, le label américain Lost Tribe Sound laisse une petite place à un guitariste moins prolifique et plus discret, Seabuckthorn. Une cassette où se déroule ce que le britannique sait faire de mieux : cordes pincées qui viennent s’écraser doucement comme une pluie fine, servant une mélancholie et une délicatesse que même la frange la plus radicale de Tartine ne rechigne à assumer. Parfait pour rêver d’ailleurs à travers un brouillard de pic de pollution.

Adrien, Dotflac et Ehoarn

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